Journée Emmaüs du 26/11
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Depuis 2010, le festival des solidarités fait étape à Emmaüs, ou plus exactement, depuis cette date l’animation au cœur de la communauté Emmaüs est le symbole d’une passerelle vivante entre la solidarité locale et la solidarité internationale et je peux dire, au nom des membres du collectif, que ce lien, ces rencontres, ces échanges nous ont beaucoup apporté à chacune/chacun d’entre nous que cela soit dans leur dimension associative que personnelle. D’ailleurs cette démarche a interpellé au-delà de notre petit cercle, si bien qu’il y a dix ans -déjà- deux membres d’Emmaüs international y participaient pour percevoir notre cheminement commun. Évoquant cet élément dans notre histoire commune, cela m’amène également, d’avoir une pensée pour Fernand qui nous a quittés il y a quelques mois et qui fut l’un des piliers du collectif ; quelques éléments à la table associative nous rappellent son action engagée et constructive, notamment en Colombie, et ici au sein d’Explorer Humanity, association qu’il a créée. Il y a quelques semaines, un membre du collectif m’évoquait une situation concernant la régularisation obtenue d’une femme sans papiers mais dans une réalité ubuesque où absence de droit et absence d’humanité en forment la clé de voûte. Le monde marche un peu sur la tête avec des replis identitaires, la stigmatisation de la différence quand elle est liée à la culture de la personne, son histoire, son pays d’origine qu’elle a dû fuir. Bien sûr, le discours est toujours celui d’une égalité, mais qui se forge sur un élément discriminatoire, sur l’exclusion où le sentiment de peur prend place. Les murs les plus solides, les plus pernicieux ne seraient pas ces murs de VERRE, qui s’édifient invisibles, imperceptibles, insaisissables et créent un aveuglement ?
La paix dans les têtes ne peut se concevoir sans fraternité, sans justice sociale, la reconnaissance de droits égaux pour chacune et chacun quel que soit son origine, son parcours. Le droit doit s’appliquer, mais en toute humanité (et parfois nous devons résister, nous battre collectivement pour que le droit intègre davantage cette humanité). Cultivons un sentiment de bienveillance/d’écoute, dans le rapport à l’Autre... et nous nous rendons compte que par l’échange nous recevons au moins autant que nous pouvons apporter. Cela se conçoit de façon semblable dans nos rapports ici et dans l’accompagnement de population par nos associations aux différents coins du globe. Alors, résistons, dénonçons, agissons avec les victimes pour dissiper ce qui entrave cette égalité formelle au quotidien.
C’est dans cet esprit que se conçoit le Festival des solidarités dans le Grésivaudan, où les animations se déroulent dans des lieux où la vocation première n’est pas la solidarité internationale mais dont le sens de leur action toute l’année est de faire du lien avec Toutes et Tous dans la diversité des populations du territoire, qu’il s’agisse d’accueil inconditionnel, d’insertion, d’approche culturelle...
Si nous avons retenu le thème de l’accès à l’eau comme élément central de cette journée c’est bien parce qu’il s’agit d’une problématique mondiale et d’un droit fondamental pour Toutes et Tous et que nous sommes aussi concernés, ici dans le Grésivaudan même si, plus que d’autres, nous avons la chance d’être dans une région favorisée. (Plus de 2 milliards de personnes, soit un quart de la population mondiale, n’ont toujours pas accès à des services d’alimentation domestique en eau potable selon un rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé et de l’UNICEF.)
Chaque démarche, chaque propos est porteur de sens. Cette journée à Emmaüs symbolise notre volonté commune d’un monde où chacun, quelle que soit son histoire apporte une richesse dans la rencontre... Et elle peut se concevoir de façon festive comme aujourd’hui. Un très vif remerciement à Toutes celles et ceux qui y ont contribué à sa préparation, à commencer par les Compagnes et Compagnons de la communauté. Elle permet d’écrire le mot solidarité en lettres majuscules.